Yamaha DT1 par Peter Abelmann

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

En 1968, Yamaha a présenté une machine qui allait changer le monde de la moto pour toujours, la DT1. C’était une moto de tout-terrain à deux temps de 250 cm³ peu coûteuse et fiable, homologuée pour la route. Bien que cela ne semble pas délirant aujourd’hui, une telle machine n’existait pas vraiment avant la DT. Les scramblers britanniques et les «desert sleds» étaient de grosses machines lourdes, tandis que les motos de tout-terrain construites à cet effet par des entreprises comme Penton, Montesa et Greeves étaient chères, excentriques et rarement légales sur route.

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

La Yamaha DT1 était une moto robuste et peu coûteuse que vous pouviez emmener sur la piste, et rivaliser avec les meilleures machines spécialement conçues pour le tout-terrain une fois sur place. Et même si vous n’étiez pas un pilote, c’était une excellente bécane consensuelle qui pouvait s’affranchir de presque toutes les pistes que vous lui soumettiez, tout en vous ramenant à la maison en toute sécurité à la fin de la journée.

Motorcycle Classics
Yamaha DT1 par Peter Abelmann

Ici, aux États-Unis, la moto a eu un énorme succès, créant effectivement un tout nouveau marché pour le trail et l’enduro. Le premier lot de 12 000 exemplaires s’est vendu rapidement et Yamaha a accéléré sa production tandis que les concurrents s’efforçait de rattraper leur retard. L’Europe, cependant, n’a pas été aussi chanceuse. La Yamaha DT1 de 1968 n’a pas été importée là-bas… du moins nous le pensions.

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

Entre en scène notre ami allemand Peter Abelmann, motocycliste, restaurateur et collectionneur de longue date qui a écrit le livre sur les deux temps Yamaha en allemand : Yamaha Zweitakt. L’année dernière, nous avions présenté son café-racer Yamaha «RD380» YPVS de 1984, une moto mieux connue sous le nom de RZ350 à refroidissement liquide ici en Amérique du Nord, et maintenant il est de retour avec ce qui pourrait être la seule Yamaha DT1 de 1968 officiellement importée en Europe.

Comme beaucoup d’entre vous le savent, nous avons une paire de Yamaha DT des années 70 dans l’écurie BikeBound, nous avons donc sauté sur l’occasion pour en savoir plus sur cette arrière-grand-mère de la lignée. Peter a trouvé la moto grâce à un membre belge d’un forum que nous fréquentons nous-mêmes, Yamaha-Enduros.com, avec seulement 400 kilomètres au compteur ! Apparemment, la moto a été spécialement importée pour une ancienne star du tennis décédée depuis, donc les détails sont rares, mais le compteur est à l’échelle du kilomètre, donc ce n’est pas un modèle américain.

Ci-dessous, nous avons tous les détails sur cette arrière-grand-mère de la famille DT.

Restauration de la Yamaha DT1 : entretien avec le propriétaire

Parlez-nous un peu de vous, de votre histoire avec les motos et de votre atelier.

Je m’appelle Peter Abelmann, d’Allemagne, maintenant âgé de presque 50 ans. J’adore les motos depuis l’âge de 16 ans. J’adore les deux temps Yamaha, ma première moto était une Yamaha 80 DTMX de 1981. Ma première «grosse» moto était une RD350YPVS (RZ aux États-Unis). Je restaure les motos rien que pour moi, ma maison a une grande pièce pour les motos, mais on n’a jamais assez d’espace quand on est «collectionneur». J’ai restauré des machines comme une YDS-1 de 1959 jusqu’à une 500 RDLC V4 ces dernières années. Je suis en train de restaurer des machines Yamaha à deux temps comme la 350 TR3. Mais il me reste encore quelques bécanes à faire dans les prochaines années.

Quelle est la marque, le modèle et l’année de la moto ?

Cette moto est une Yamaha DT1 de 1968. Ces machines ont eu un impact important sur le marché américain de la moto. La majeure partie de la scène tout-terrain a été «fabriquée» à partir de ces motos avec l’idée d’avoir une machine pour une utilisation «normale» pendant la semaine et de «course» pour le week-end, comme vous pouvez le voir dans le film «On Any Sunday». La DT1 a été le premier enduro japonais et a été vendu en grand nombre aux États-Unis. La DT1 blanche de 1968 est quasiment une icône aux États-Unis…

Où avez-vous trouvé la moto, qu’est-ce qui la rend si spéciale et dans quel état se trouvait-elle ?

Je suis membre de l’American Yamaha Enduro Forum et je suis entré en contact avec un gars en Belgique qui avait trouvé une DT1 de 1968 dans son pays d’origine. Il a eu des problèmes avec la bobine de la moto et je lui ai donné quelques conseils. Comme la Belgique n’est qu’à environ 200 kilomètres de chez moi, je lui ai donné mes coordonnées avec une arrière-pensée : si jamais vous voulez vendre la moto, appelez-moi. Cet appel a été lancé en novembre dernier (2019). Nous avons discuté du prix et j’ai récupéré la bécane.

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

Une chose grandiose : la moto n’avait que 400 kilomètres au compteur. Le problème était que la moto était mal entreposée ces dernières années et que certaines pièces étaient très corrodées. Alors que faire ? J’ai pensé que ce serait génial de conserver une partie de la patine et toute la peinture d’origine !

Un point très intéressant est que c’est (pour autant que je sache) la seule DT1 de 1968 qui a été importée officiellement en Europe. Elle a été vendue par un concessionnaire belge à une ancienne star du tennis, peut-être a-t-il vu la DT1 aux États-Unis ? Mais comme le concessionnaire est fermé et que la star du tennis est décédée, nous ne pouvons demander à personne maintenant… La moto a un compteur avec une échelle en kilomètre, donc ce n’est pas un modèle américain.

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

Pouvez-vous nous parler du processus de restauration ?

J’ai d’abord nettoyé entièrement la moto. J’ai trouvé de la saleté dans chaque partie. Mais certaines pièces très corrodées sont arrivées dans mes bacs d’électrolyse (comme les tendeurs de chaîne). La fourche a bénéficié d’une restauration complète avec de nouveaux joints, une nouvelle huile et un nouveau poteau de fourche (il y en avait dans mon bac à pièces). Le premier propriétaire avait également mis une roue de 21 pouces à l’avant.

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

J’ai acheté une jante d’origine de 19 pouces en Australie et je l’ai mis sur la bécane. Certains des câbles (gris) ont aussi été changés, ce qui ne pose aucun problème car ils sont disponibles sous forme de répliques. L’échappement a reçu une nouvelle peinture noire, toutes les autres pièces n’ont reçu qu’une retouche.

Le cylindre avait une ailette cassée, un ami l’a donc restauré avec un morceau d’aluminium. Dans ce processus, j’ai vu le piston qui était quasiment comme neuf, donc les 400 kilomètres semblaient être réels. En février 2020, la moto était prête ! Lors du premier trajet, le moteur faisait un peu de «crécelle» à cause de la culasse GYT (Genuine Yamaha Tuning) qui était installée. Donc, ma dernière tâche fut d’en changer pour une véritable culasse de DT1 de 1968.

Pouvez-vous nous décrire vos sensations au guidon ?

La moto est plaisante à piloter. Elle a beaucoup de couple et ne tourne pas très haut. Les freins sont bons pour une bécane de 52 ans. Je l’aime beaucoup ! Je possède aussi sa grande sœur, une DT360 RT1B de 1971, mais la 250 est bien meilleure à piloter, la 360 est beaucoup plus dure !

La moto a-t-elle un surnom ?

J’appelle toujours ce genre de bécanes des «tracteurs», mais cette DT1 est spéciale, car c’est la première d’une longue famille de motos tout-terrain !

Yamaha DT1 par Peter Abelmann

Y a-t-il eu quelque chose de fait pendant la restauration dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis fier d’avoir réussi à redonner vie à cette moto sans détruire la patine d’origine !

Traduction de « GODFATHER ENDURO: 1968 YAMAHA DT-1 RESTO » ©BikeBound

Crédits Images ©Peter Abelmann


Publié le

dans


Commentaires

Et vous, vous en pensez quoi ?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.